IO                                                 NOTICE
position, et tendoient à augmenter leur autprité au détriment du pouvoir royal.
L'Estoile, par sa position, ne pouvoit pas être initié au secret des affaires : il ne connoissoit pas les ressorts que l'on faisoit mouvoir, il ne savoit en général que ce qui circuloit dans le public; mais sous ce rapport personne n'étoit mieux instruit que lui. Sa principale occupation étoit d'aller à la recherche de toutes les nouvelles; il étoit au courant de tous les bruits qui couroient parmi le peuple, et il avoit soin d'écrire jour par jour tout ce qu'il avoit appris. Souvent il lui arrive de raconter des bruits absurdes; mais quand il est mieux informé, et qu'il n'est pas dominé par l'esprit de parti, il n'hésite pas à rétracter ce qu'il a adopté trop légèrement. « J'en écris plus que je n'en crois, « dit-il, et seulement pour passer mon temps, non « pour le faire passer aux autres, auxquels je conseil-« lerai toujours de le mieux employer qu'en telles fa-« dezes. » Ailleurs il avoue qu'il a la manie d'écrire, qu'il né peut y résister; et il ne trouve pas mauvais que les autres s'en moquent, puisqu'il s'en moque lui-même. Il rapporte souvent dans son Journal de longues conversations que le Roi est censé avoir eues tête à tête avec les principaux personnages de l'Etat ; et pour qu'on ne puisse les révoquer en doute, il a soin de dire qu'il les tient de bonne source, de gens qui n'en^étoient pas loin. U emploie ordinairement cette petite ruse, très-commune d'ailleurs aux auteurs de Mémoires, lorsqu'il veut donner dû poids aux opinions qu'il a adoptées.
Il ne se bornoit pas à recueillir les nouvelles et les bruits populaires. S'il arrivoit un événement dans la